Le message de Charles Jourdain de l’UFC sur ses réseaux sociaux venait du cœur : «Et merci au Journal de Montréal qui n’a pas écrit une ligne sur mon importante victoire de la fin de semaine».
Charles a ciblé le Journal sans doute parce que le quotidien montréalais avait toujours suivi ses progrès dans le MMA depuis ses débuts.
Par contre, samedi on a eu droit à deux pages sur un exploit au mini-putt.
Sans doute qu’on avait plus de chances de récolter des clics avec les joueurs de mini-putt qu’avec les adeptes du MMA. Même si Jourdain est un Québécois qui espère un jour devenir un autre Georges St-Pierre.
Mais là n’est pas la question. Il y a eu deux galas de boxe en septembre. Le jeudi au Casino de Montréal et le vendredi à Gatineau, 11 combats avec Christian M’Billi, et les médias traditionnels de Montréal ne se sont pas déplacés.
Laurent Duvernay-Tardif a annoncé sa retraite la semaine dernière et c’est Yves Boisvert, chroniqueur à la section générale de La Presse, qui a écrit le meilleur texte.
Mais qu’arrive-t-il au journalisme sportif au Québec ?
UNE HÉCATOMBE MÊME À NEW YORK
Il se passe que l’information se transmet d’une autre façon. Le temps des journalistes qui menaient des enquêtes, qui écrivaient des reportages sur les athlètes auxquels ils avaient accès à volonté, qui critiquaient athlètes et organisations avec une certaine distance, est révolu.
L’épouvantable tempête qui frappe de plein fouet les médias traditionnels frappe d’abord les sections sportives et les salles de sports des réseaux de radio et de télévision. C’est tellement catastrophique que le New York Times, le modèle ultime, a fermé sa division des sports après avoir acheté le site The Athletic.
Les organisations ont compris qu’en signant des ententes promotionnelles et de diffusion avec les grands réseaux, elles pouvaient contrôler leur message et se passer des journalistes plus neutres qui devenaient des nuisances dans leur mise en marché. Pourquoi permettre à un chroniqueur de hockey syndiqué qui veut garder un œil critique de venir s’installer 90 minutes avec un joueur quand un contractuel sans sécurité et sans objectif journalistique, peut torcher un beau texte louangeur ou un podcast bien gras, distribué gratos par l’équipe ?
LES FANS S’EN MOQUENT
Et en retour, les quotidiens et les réseaux se disent qu’il ne sert plus à rien ou à peu près de payer des billets d’avion et des chambres d’hôtel et des per diem pour se retrouver avec un joueur dans le vestiaire qui donne sa salade à tous en même temps. Sans parler que l’organisation va proposer aux partenaires trois ou quatre entrevues réalisées par des employés maison qui vont faire la job de promotion ?
Les grands médias avaient une mission. D’abord, faire des profits en vendant une information de qualité. Pour ce faire, renseigner les gens sur ce qui se passait vraiment dans la société. Donc le sport.
Aujourd’hui, avec les sites de fans, les podcasts et les nouveaux sites semi-professionnels comme Dans les coulisses, les fans trouvent qu’ils en savent assez. Pas besoin de professionnels pour les informer et parfois critiquer leurs favoris.
Les organisations ont compris qu’ils pourraient abuser à volonté de la crédulité et de l’amour inconditionnel des fans pour leurs favoris.
Reste BPM Sports et quelques journalistes.
Les fans n’ont pas fini de payer le gros prix pour un spectacle médiocre…