C’aura pris plus de 40 ans. Mais ce soir, la Société Saint-Jean Baptiste va rectifier une grave injustice commise à la fin de l’année 82.
À titre posthume, on va décerner le prix Maurice-Richard à Michael Bossy.
Pourquoi une injustice ?
Parce qu’en décembre 1982, avec Yves Létourneau, Jo Mallejac et quelques membres de la société, nous avions débattu toute la soirée des mérites respectifs du skieur Pierre Harvey et de Mike Bossy.
Quand j’avais quitté la réunion au Club Canadien pour aller prendre un avion en fin de soirée, ça semblait se diriger vers la sélection de Bossy. Il avait égalé la marque de Maurice Richard de 50 buts en 50 matchs et son comportement, sur et en dehors de la patinoire, en faisait un modèle.
Mais Mikaël Lalancette dans son très, très, très bon ouvrage 50 Jours dans la vie de Mike Bossy, a retrouvé des pages des procès-verbaux de la société. Et le fait que Mike Bossy ait été un anglophone a ébranlé la conviction de certains dirigeants de la Société St-Jean Baptiste.
Finalement, au début de 1983, on a annoncé qu’aucun athlète ne s’était assez démarqué pour mériter le prix Maurice-Richard en 1982.
C’était une erreur et une injustice et Marie-Anne Alepin la présidente actuelle de la Société, a fait ce qu’il fallait pour que Michael Bossy reçoive enfin son trophée.
C’était vrai jusqu’à sa mort et c’était vrai il y a 40 ans. Mike Bossy, d’origine ukrainienne, était l’exemple parfait de ce que le Québec recherche. Un fils d’immigrants qui parlait juste anglais à 14 ans et qui choisissait le français pour bâtir et mener sa vie au Québec. Parmi les siens.
MIKAËL LALANCETTE : UN GRAND LIVRE
Par ailleurs, j’ai hésité longtemps avant d’écrire le sous-titre de cette chronique. Fallait-il dire : Un grand livre ou carrément, un chef d’œuvre ?
Je n’ai lu que deux vrais chefs d’œuvre dans le sport. The Greatest, la biographie de Muhammad Ali dont la version française est meilleure que l’originale. Et The Game, le livre écrit par Ken Dryden sur la grande équipe des années 70 du Canadien.
La première version française était dégueulasse. Même pas de quoi servir de papier de toilettes dans une bécosse de camp de pêche. Tellement qu’on a décidé de commander une nouvelle traduction. Très bonne celle-là.
Le livre de Mikaël Lalancette est très près de ce niveau. Le thème est une idée géniale. Raconter 50 journées marquantes dans la vie de Mike Bossy. Et j’avoue avoir eu les larmes aux yeux en lisant le chapitre écrit avec Tanya Bossy qui raconte les dernières heures de Boss avant sa mort.
J’espère que BPM va trouver le temps et le moment pour inviter l’auteur à venir raconter sa démarche d’historien et parler de ce Bossy que ses recherches lui ont permis de connaître.
On est pas loin du chef d’œuvre…
Et puis, je viens de relire le premier chapitre, celui où Mike apprend qu’il a deux cancers à affronter…
Et c’est un chef d’œuvre. Point final, pleinement assumé.
CLAUDE BÉDARD…UNE GRANDE PERTE
Le vétéran Claude Bédard est mort. C’était mon ami depuis cinquante ans. Il était le directeur des sports au Journal de Québec quand lui et Claude Larochelle du Soleil ont fait front commun pour amener les Nordiques dans l’AMH. Puis, ils ont lutté de toutes leurs forces contre Sam Pollock et le Canadien pour faire entrer les Fleurdelisés dans la Ligue nationale.
Avec Mathias Brunet, on a mené cinq heures d’entrevues avec Claude pour la série documentaire La Rivalité, Canadiens-Nordiques. À la fin, c’est nous qui étions épuisés.
Il a joué son propre rôle dans Lance et Compte à Radio-Canada et est demeuré vif et alerte jusqu’au jour de sa mort subite.
Un vrai de vrai. C’est un très large pan de l’histoire du sport au Québec qu’on vient de perdre.
Nos sympathies à ses proches.