Y a beaucoup d’inconvénients à avoir des années au compteur. On a parfois besoin de genoux en titane, d’une hanche artificielle, bientôt d’un remplacement complet de l’épaule gauche…
Mais le choix n’est pas très compliqué. Tu vieillis ou tu meurs. Ceux qui me connaissent savent que j’aime mieux vivre le pied au fond. On se reposera dans l’urne.
Mais il y a aussi des avantages. Comme d’avoir vu beaucoup de parades dans les 50 dernières années. Et de pouvoir les comparer, leur trouver des différences et d’avoir su savourer les plus beaux moments.
Mais j’ai beau chercher, je ne me rappelle pas d’une parade aussi joyeuse que celle d’hier avec les Alouettes. Ces cols bleus du sport ont savouré chaque gorgée de bière et chaque moment d’amour des fans avec la même intensité. C’était du velours qui descendait en eux.
Des parades joyeuses, j’en avais connu. Celle de 1976, quand les Glorieux ont terrassé les Flyers de Philadelphie, surnommés les Broad Street Bullies, et qu’ils ont envahi le centre-ville au milieu d’un demi- million de fans. C’était débile. Même que Jacques Courtois, le président de l’équipe, sur la balcon de l’hôtel de ville où il faisait son Général de Gaule, avait lancé que le Canadien « appartenait au peuple québécois ».
Crédit photo : BAnQ
Quand on consulte les derniers bilans financiers du CH et le prix des billets, on réalise que c’était une figure de style. Une allégorie, peut-être.
La parade de 1986 avait été assez folle elle-aussi. Casseau avait enlevé sa chemise sur son char et sa maigreur avait fait peur à certains enfants.
Crédit photo : PIERRE MCCANN, ARCHIVES LA PRESSE
En 1993, l’ambiance était assez pétée aussi.
Normal, une dizaine de Québécois portaient l’uniforme du Canadien. Comme onze Québécois ont animé la parade d’hier avec les Alouettes.
D’ailleurs, pendant la parade, McDonald a passé un nouveau commercial. Cole Caufield qui mange un nouveau McDo. Pas un mot de français. Tellement que le pauvre Claude Legault essaie de faire son drôle pour vendre le bœuf haché de Caufield.
Au centre-ville, les gars des Alouettes auraient pu vendre de la vache enragée sans l’aide d’un comédien québécois. La différence, malgré la vente sous pression de nos charmants petits Glorieux, elle est là.
J’ai vécu en 2002 une parade qui ressemblait à celle d’hier. Ben Cahoon, Éric Lapointe, Sylvain Girard et les autres s’étaient mis à chanter en reprenant le solo de Don Matthews, le coach pour le moins coloré des Alouettes. Si je me rappelle bien, il y avait 200,000 personnes qui dansaient de joie devant l’estrade.
En 1970, ce n’est pas de la parade dont je me rappelle. C’est de la caméra de Claude Fournier, le réalisateur de Deux femmes en or, qui avait immortalisé le botté d’envoi de Pierre Trudeau et pris des images de Louise Turcot pour son « chef d’œuvre » du cinéma érotique québécois. En deux visites au cinéma Capitol, rue Racine à Chicoutimi, j’avais appris le film par cœur.
C’était évidemment pour ses dialogues fins et raffinés. Même Yvon Deschamps y jouait un petit rôle.
On va avoir vécu une demi-semaine formidable. On va maintenant retourner au Canadien.