Le doc Mailloux nous a quittés. Pierre Mailloux, celui que le Québec, ses patients et ses amis appelaient familièrement Doc Mailloux est parti comme il avait vécu. À ses conditions, selon ses convictions.
À 11 heures ce matin, avec discrétion, le doc a reçu l’aide médicale à mourir. Cela faisait plus de trois semaines qu’il était à l’hôpital à Trois-Rivières tentant de soigner les conséquences désastreuses d’une infection aux reins qui a dégénéré.
Le doc lui-même trouvait que BPM Sports était l’endroit pour que la nouvelle soit rendue publique. Le doc avait déjà ses billets pour le match entre Callum Smith et son Artur Beterbiev au Centre Vidéotron. C’était son cadeau d’anniversaire, le 14 janvier.
Artur Beterbiev (à gauche) avec le doc Mailloux (à droite).
Ça se serait passé comme d’habitude. Entre deux rounds de boxe, les gens l’auraient accaparé pour un autographe ou un selfie. Puis, pendant trois minutes, il aurait été complètement concentré sur le round de boxe qui se déroulait devant lui. C’était vrai pour la finale, c’était vrai pour un combat préliminaire.
Sébastien Delorme, Charles Lafortune ou une autre grosse vedette du Québec pouvait être sur le parterre, c’est vers le Doc Mailloux que les gens allaient. Ils l’aimaient parce qu’il se tenait debout devant un système qui tente de mouler tout le monde dans un même format : « Vous, vous avez pas peur de dire ce que vous pensez! », était la phrase qui revenait le plus souvent.
Le Doc (à droite) avec Max Gros-Louis (à gauche)
VEGAS ET NEW YORK
Au fil des années, le doc m’a accompagné dans l’état de New York à Verona, à Las Vegas, à Toronto, toujours heureux de décompresser en plongeant dans l’univers de la boxe.
Le doc à Vegas
Et lui qui était le plus mauvais perdant du monde et le plus patient des hommes, se fâchait encore quand ses Canadiens se faisaient battre. C’est-à-dire trop souvent. Dans ce temps-là, il fermait la télé.
C’est sûr que Pierre Mailloux était controversé. Que voulez-vous, quand il avait une conviction en tête, ni le Collège des médecins, ni le gouvernement canadien ni les Nations Unies pouvaient le faire changer d’idée. Et il se battait férocement pour défendre ce qu’il croyait juste.
Mais j’ai été témoin des dizaines et des dizaines de fois du temps et de l’attention qu’il consacrait aux gens qui demandaient son aide. Des personnalités publiques ont eu recours à son oreille et vous ne pourriez jamais le deviner.
Le doc à Mississauga avec Simon Kean (à sa gauche) et Camille Estephan (en-face de Simon Kean)
Peut-être que l’histoire retiendra ses batailles épiques avec la nomenklatura médicale et les intellos du Plateau…
Mais peut-être que la petite histoire, celle des souffrants, des anxieux, des névrosés, des mal dans leur peau, retiendra qu’il les accueillis et écoutés.
La dernière parole que je lui ai dite hier après-midi était toute simple : « Je t’aime ».
Il m’a répondu en doc Mailloux : « C’est assez évident ».
Salut doc.