Vendredi soir. Lady Ju et moi écoutions religieusement Napoléon, le grand film épique avec Joaquin Phoenix dans le rôle de Napoléon.
Le téléphone vibre. Sur l’écran, c’est écrit : Doris Tremblay. Doris, c’est le propriétaire du Harley-Davidson de St-Jérôme. Mais surtout, Doris est un ami. Et on répond à un ami :
-Allo Réhan ! Ouais, c’est Réhan ou Réjean…me reconnais-tu ? Tu m’as parlé souvent…fais pas ton snob…
L’image de Napoléon et de Joséphine est sur pause et un huluberlu avec la voix de Mad Dog Vachon me pose des questions stupides…
-Je sais pas c’est qui mais passe-moi Doris, j’ai pas de temps à perdre !
À l’autre bout, la grosse voix se transforme en un éclat de rire de gars fier de son coup.
-C’est Adonis !
-Adonis ? Pas Adonis ?
-Oui, Adonis Stevenson. Je suis au Salon de la moto et j’ai rencontré ton ami. C’est mon rêve de rouler en Harley. J’ai retrouvé ma vie…je rêve de la moto…
-Parfait, demande à Doris de t’arranger ça. On va à Nashville et Memphis pour mon anniversaire l’été prochain.
-Nah…tant que je n’aurai pas mon pardon, je ne peux pas aller aux États-Unis mais on peut aller partout au Canada…
J’arrête là le « small talk », ce n’est pas important. Ce qui compte, c’est la voix. Joyeuse, claire, réparties faciles et justes. Le foutu bonheur d’un homme qui avait tout perdu.
On a jasé pas mal des vraies affaires. Mais qu’est ce qui s’est passé ?
Adonis m’a raconté. Il travaille toujours à sa rééducation. Dernièrement, les progrès sont devenus fulgurants. À part un accident d’auto, ça peut arriver à n’importe qui, il n’a pas connu d’incidents majeurs.
Et puis, l’ancien champion du monde et avant, mauvais garçon de la rue, a rencontré un personnage marquant dans sa vie : Jésus.
« Je ne veux pas prêcher mais faut me comprendre. Moi, j’étais vraiment mort. En tous les cas, presque mort. Tu me dis que Mad Dog Vachon t’avait confié qu’il avait vu une lumière étincelante quand on lui amputait la jambe et qu’il était certain d’avoir vu la mort, moi, je n’ai pas vu de lumière quand j’étais dans le coma. Mais à un moment donné, plus tard, j’ai senti Dieu dans ma vie. Je ne sais pas pourquoi. Mais je sais qu’Il aime tous les êtres. Qu’Il t’aime et qu’Il aime tes proches. Surtout que t’es une bonne personne », de dire Stevenson avec une voix heureuse de parler et de s’exprimer. Comme s’il avait été prisonnier tout ce temps.
Il reprend : « Je suis un miraculé de la vie. J’étais vraiment mort. Que j’aie eu le bonheur d’avoir rencontré Jésus, je me dis que ça vient avec le cadeau de la vie… tu sais, la WBC m’a donné une ceinture spéciale de champion, ça veut dire beaucoup ça aussi…
-Mais attends une seconde…passe-moi Doris.
J’ai jasé avec Doris. En lui demandant si c’était pas Maranda, l’imitateur de BPM Sports qui me jouait un tour : « Non, je suis avec Adonis. Et c’est lui qui voulait te parler…
J’ai demandé à Adonis si on pouvait se reparler, jaser, discuter de son incroyable parcours. Voir et entendre où il est rendu. Je vous jure, s’il accepte de passer en ondes, vous allez pouvoir juger vous-aussi.
-Adonis, envoie-moi une photo avec Doris. Pis ton numéro de téléphone. J’arrive pas à croire encore que c’est pas Maranda…
Bingo, les photos sont rentrées. Avec le no de téléphone…
On a jasé encore un peu. De Zach qu’Adonis emmenait rouler dans sa Lamborghini au Bonne-Entente à Québec quand il était encore un petit garçon et qui a acheté sa Harley de Doris à St-Jérôme, de sa récupération…mais Adonis était dans le bruit d’un Salon de la moto, ce n’était pas le temps de la grande philosophie.
– Adonis, j’ai ton numéro, je te rappelle…
-Avec plaisir…Dieu aime tout le monde.
