Mes amours avec Paul Houde ne remontent pas à BPM Sports où il a terminé sa brillante carrière d’animateur. On sentait depuis des semaines que ça n’allait pas. Que Paul, le cerveau le plus rapide de l’Ouest, était parfois confus et que le manque de sommeil et une fatigue chronique l’empêchaient d’être le brillant animateur que nous connaissions tous.
Si seulement ça avait été la fatigue. Fallait que ce soit plus sérieux, plus grave.
Je pense que j’ai fait ma dernière semaine complète avec Paul aux commandes alors que je couvrais le combat de Tyson Fury, le 28 octobre à Riyad. Je dois dire que j’étais pas mal magané aussi. Mais une infection urinaire, ça se soigne avec des antibiotiques. Une masse au cerveau, c’est une autre histoire.
D’ailleurs, Yves Bombardier le directeur des programmes à BPM Sports a discuté à plusieurs reprises avec Paul sur la situation à la station : « On s’est rencontrés quatre fois. Il a tout essayé pour passer à travers mais le 27 octobre, il m’a dit qu’il devait prendre soin de sa santé, que se lever à trois heures était trop dur pour lui. Nous étions d’accord et tout s’est passé avec le respect que Paul Houde méritait. Mais on ignorait tous les deux qu’il était gravement malade », de dire M. Bombardier hier.
Paul Houde au lancement de BPM Sports. Crédit photo : Radio-Canada
DE LA GROSSE PEINE
Ça me fait une grosse peine. Je n’étais pas un ami proche de Paul. Mais le travail nous rapprochait dans une zone très proche de l’amitié.
Ça remonte aux Jeux de Los Angeles en 1984. Quarante ans.
J’étais dans le vol Los Angeles-Montréal avec plusieurs confrères dispersés dans l’avion. À un moment donné, j’ai entendu ti-Guy Émond décrivant un combat de boxe ou une épreuve olympique. Avec le rire fou et tous les tics de ti-Guy.
Je me suis dit que ça n’avait pas d’allure, que je n’avais jamais aperçu ti-Guy aux Jeux. Tellement que je me suis levé pour aller voir à l’arrière de la section du Boeing. C’était Paul Houde avec une bande de gars et filles de Radio-Canada qui se déchaînait avec Ti-Guy.
Paul Houde (gauche) et Marc Labrèche (droite) dans La fin du monde est à 7 heures. Crédit photo : Archives Québec
Mon arrivée a déclenché un autre fou-rire et le voyage a paru bien court après avoir entendu René Lévesque, le maire Jean Drapeau, Henri Richard et une couple d’autres des personnages de Paul.
Paul Houde dans son personnage de Fern dans les Boys. Crédit photo: Journal de Québec
LONDON IS CALLING
Et il y avait l’incroyable expert en athlétisme qui a précédé Google dans l’histoire sportive du Québec. Paul Houde n’était pas seulement un ordinateur quantique avec les statistiques, c’était encore bien plus un humaniste capable de raconter toutes les significations d’un exploit.
En 2012, je couvrais les Olympiques de Londres. Et j’essayais de mettre en perspectives les exploits délirants d’Usain Bolt. J’ai appelé Paul à la maison. Il venait de terminer son émission et il devait être en train de souper quand je l’ai dérangé.
Il a éclaté de rire à ma première question et j’ai eu droit à une pluie d’informations et de comparaisons. À la fin, avant de raccrocher, il m’a lancé : « Usain Bolt, à mi-chemin d’un cent mètres, court à 44 kilomètres à l’heure. Réalises-tu qu’il recevrait une contravention dans la plupart des rues de Montréal ? », de lancer mon ami Paul.
Ça donné une bonne chronique…
Kathrine Huet, sa productrice et amie, Francine, son épouse, ses fils et Pierre son frère ainsi que sa sœur doivent être bouleversés.
S’ils le sont, c’est parce qu’ils ont eu l’immense privilège d’être intimes avec cet homme réservé derrière toutes les facettes de son génie.