Ellen Bond / The Hockey News
Les photos du Centre Bell rempli à capacité pour du hockey professionnel féminin ont valeur de symbole puissant. Après avoir gagné le cœur des Québécois dans des finales olympiques d’anthologie, les filles ont convaincu des fans de faire le pas chez les professionnelles.
Et c’est formidable.
Mais la photo qui raconte la vraie histoire de la victoire des fans, c’est Pascale Vallée, la photographe qui accompagne Rodger Brulotte partout en ville, qui l’a prise.
Parce que la vraie victoire, c’est le pouvoir,
Les Canadiens-français l’ont appris pendant plus de cent ans. Ils travaillaient à des salaires de crève-faim dans des usines ou des compagnies qui étaient la propriété des dominants anglophones et devaient obéir aux « foremen » et entrer leur carte dans le « punch de la clock » pour reprendre les mots de Charlebois.
Leur ministre des finances, même à Québec était un anglophone et les petites madames qui accueillaient les clients chez Eaton’s le faisaient dans un mauvais anglais pour faire plaisir au boss.
Puis est arrivée la Révolution tranquille et les Serge Godin, Charles Sirois, Alain Bouchard, Jacques Ménard et compagnie ont fini par prendre le pouvoir en main.
Le vrai pouvoir appartient à ceux (et à celles) qui décident.
FRANCE-MARGARET BÉLANGER, VALÉRIE PLANTE ET LES AUTRES ABSENTES
Regardez la photo. Geoff Molson est le seul homme. À sa gauche (évidemment!) est Valérie Plante. On peut trouver que sa ville est sur la débandade totale mais c’est quand même elle la mairesse. Elle qui a le pouvoir de mener. Elle est la première femme mairesse de la métropole. C’aurait été impensable dans le temps de Jean Drapeau. D’ailleurs, à l’époque, les femmes venaient tout juste d’obtenir le droit de vote et celui de signer un contrat sans la signature du mari.
Toujours à gauche de Mme Plante, c’est la ministre responsable du sport. Isabelle Charest succède dans ce poste à de grands noms comme Richard Legendre, Claude Ryan, François Legault, Guy Chevrette. Elle est la première femme. Et cette Isabelle que je connais depuis plus de trente ans n’a pas volé le poste, Quand on est capable de gagner une médaille sur courte piste aux Jeux olympiques de Lillehammer, de Nagano et de Salt Lake City est d’être chef de mission à Pyeongchang, on a du caractère et du talent. Ça veut dire qu’on est capable d’avoir un objectif, de faire des efforts et de prendre des décisions dans l’urgence du moment.
L’autre femme élégante dans un tailleur blanc, est la présidente du Groupe CH. Pas secrétaire comme dans les « grandes années patriarcales », présidente.
France-Margaret Bélanger est une fille de Matane. Son père Walter Bélanger a fondé Béton provincial une compagnie qui appartient maintenant à son fils André et comptant près de 100 usines dans l’Est du Canada. Et j’ai peut-être raté une acquisition récente.
La jeune femme de Matane qui ne parlait pas anglais est devenue avocate à l’Université d’Ottawa et a mérité un poste important chez Stikeman Elliott. C’est elle qui faisait partie de l’équipe légale représentant George Gillett lors de l’achat du Canadien…et c’est encore elle qui représentait Gillett quand il a vendu l’organisation à Geoff Molson.
Elle a tellement été bonne qu’aujourd’hui, elle préside tout le Groupe CH.
Et la dernière sur la photo est Geneviève Paquette. Elle est la vice-présidente de la fondation du CH et sans vouloir insulter personne, c’est elle qui mène.
On aurait pu ajouter Chantal Machabée. Elle est la première vice-présidente et patronne des communications chez le Canadien. Elle succède à Paul Wilson, Donald Beauchamp, Bernard Brisset, Claude Mouton, toutes des grandes pointures.
La victoire des femmes, elle est là. Aux commandes. Captée par Pascale Vallée. Ça prenait Rodger pour le réaliser.